(Exposition prénatale aux phtalates, au bisphénol A et aux substances perfluoroalkylées et concentrations d’IgE, de TSLP et d’IL 33 dans le sang de cordon) Ashley-Martin J, Dodds L, Levy AR, Platt RW, Marshall JS, Arbuckle TE. Environmental Research. 2015 Jul;140:360-8. doi: 10.1016/j.envres.2015.04.010
L’incidence des troubles allergiques chez l’enfant (p. ex., l’asthme, les allergies et la dermatite atopique) a augmenté au cours des dernières décennies, tendance qu’on ne peut totalement expliquer par les seuls facteurs de risque connus tels que les antécédents familiaux ou le tabagisme. Des chercheurs ont émis l’hypothèse selon laquelle l’exposition des enfants à certains contaminants environnementaux comme les phtalates, le bisphénol A (BPA) et les substances perfluoroalkylées (SPFA) pourraient accroître le risque de troubles allergiques pendant l’enfance. Les phtalates et le BPA sont présents dans des produits à usage domestique et d’autres produits de consommation courante tels les plastiques, les cosmétiques et les emballages alimentaires. Quant aux SPFA, elles entrent dans la fabrication de produits avec revêtement antiadhésif aux usages diversifiés.
L’exposition aux contaminants environnementaux avant la naissance soulève de plus en plus de préoccupations, cette période étant critique pour le développement du système immunitaire, ce qui signifie une plus grande vulnérabilité aux effets potentiellement dommageables de ces contaminants. Des scientifiques ont émis l’hypothèse selon laquelle les phtalates, le BPA et les SPFA affecteraient le système immunitaire en modifiant son profil à la naissance. Ainsi, des perturbations dans le développement du système immunitaire du fœtus, notamment des changements dans les concentrations de certains biomarqueurs, pourraient accroître le risque de troubles allergiques au cours de l’enfance. [Un biomarqueur est une substance mesurable dans un organisme, qui peut servir d’indicateur d’une exposition environnementale, d’une maladie donnée ou d’un trouble quelconque.] Ces biomarqueurs, notamment l’immunoglobuline E (ou IgE, un anticorps du système immunitaire) et deux cytokines, la lymphopoïétine stromale thymique (TSLP) et l’interleukine-33 (IL-33), sont tous trois impliqués dans les troubles allergiques chez l’enfant et détectables à la naissance. [Les cytokines sont de petites protéines importantes pour la transmission des signaux cellulaires.]
Bien que le rôle de l’IgE, de la TSLP et de l’IL-33 dans l’apparition des troubles allergiques durant l’enfance ait fait l’objet d’études dans le passé, ces biomarqueurs n’ont pas été suffisamment étudiés pendant la période prénatale, moment crucial pour le développement du système immunitaire. Dans la présente étude, des chercheurs de l’université Dalhousie se sont penchés sur les liens entre l’exposition prénatale aux phtalates, au BPA et aux SPFA et les concentrations d’IgE, de TSLP et d’IL-33 dans le sang de cordon ombilical. Ces chercheurs ont analysé des données collectées dans le cadre de l’étude MIREC. Ils ont retenu parmi la cohorte des 2 001 femmes enceintes recrutées pour cette étude les 1 258 femmes ayant mené à terme une grossesse non gémellaire et pour lesquelles ils disposaient d’un échantillon de sang de cordon. Les résultats de l’analyse ont été ajustés pour tenir compte d’autres contaminants environnementaux ayant une corrélation avec ceux à l’étude et susceptibles d’influencer les résultats.
Cette étude ne montre aucune association entre les taux urinaires de phtalates et de BPA ou les taux sériques de SPFA de la mère et les concentrations sériques d’IL-33, de TSLP et d’IgE dans le cordon ombilical.
Par conséquent, pour cette cohorte de femmes enceintes, des Canadiennes vivant principalement en milieu urbain, les chercheurs ont conclu à l’absence de lien entre les taux urinaires et sériques de phtalates, de BPA et de SPFA de la mère et les effets indésirables sur le système immunitaire du nouveau-né, définis par des concentrations élevées d’IgE, de TSLP ou d’IL-33 dans le cordon ombilical. Un suivi ultérieur des enfants de cette cohorte permettra de voir si l’absence d’effets de ces contaminants sur les biomarqueurs du système immunitaire perdure tout au long de l’enfance.
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