(Liens entre le gain de poids durant la grossesse et les concentrations de substances perfluoroalkyliques chez la mère et le nouveau-né) Ashley-Martin J, Dodds L, Arbuckle TE, Morisset AS, Fisher M, Bouchard MF, Shapiro GD, Ettinger AS, Monnier P, Dallaire R, Taback S, Fraser WD. International Journal of Environmental Research and Public Health 2016, 13, 146. doi: 10.3390/ijerph13010146
Les substances perfluoroalkylées (SPFA) sont des composés chimiques persistants largement répandus qui résistent à l’eau et à l’huile. Elles entrent dans la fabrication d’articles ménagers et d’autres biens de consommation courants, dont les batteries de cuisine, les vêtements et les emballages alimentaires. Malgré l’élimination progressive des SPFA courantes, telles que l’acide perfluorooctanoïque (APFO), le sulfonate de perfluorooctane (SPFO) et l’acide sulfonique de perfluorohexane (PFHxS), les sources d’exposition demeurent importantes pour les humains.
L’exposition à des contaminants environnementaux pendant la grossesse est particulièrement préoccupante, la grossesse étant une période de plus grande vulnérabilité aux effets nocifs potentiels. Il est reconnu que les SPFA peuvent franchir la barrière placentaire et entraîner par le fait même une exposition directe du fœtus. L’exposition prénatale à l’APFO a par exemple été associée à une croissance fœtale réduite. Le lien entre les expositions prénatales à ces composés chimiques et le gain de poids pendant la grossesse (appelé « gain pondéral gestationnel » ou GPG) a été peu étudié.
Le GPG est un prédicteur important de divers aspects de la santé de la mère, du fœtus et du nouveau-né, notamment le maintien du poids après l’accouchement chez la mère et un poids plus élevé à la naissance chez le nouveau-né. Hormis quelques études suggérant un lien possible entre le GPG et la charge chimique1 environnementale chez le nouveau-né, on sait peu de choses sur les associations possibles entre l’exposition à divers composés chimiques et le GPG. Pour faire la lumière sur cette question, cette étude explorait les associations potentielles entre le GPG et les concentrations de SPFA (APFO, SPFO et PFHxS) dans le plasma sanguin des femmes au premier trimestre de grossesse, ainsi que le lien possible entre le GPG et les concentrations de SPFA dans le sang de cordon de leurs nouveau-nés.
1 La charge chimique représente la quantité totale d’une substance donnée dans l’organisme. Certaines substances s’accumulent dans le corps parce qu’elles sont emmagasinées dans le gras ou les os, ou parce qu’elles sont éliminées très lentement de l’organisme.
Pour ce faire, les chercheurs ont analysé des données et des échantillons de sang collectés dans le cadre de l’étude MIREC, une étude pancanadienne menée auprès de 2 001 femmes enceintes recrutées dans 10 villes canadiennes entre 2008 et 2011. Ils ont utilisé les données d’un sous-échantillon de 1 723 femmes de l’étude ayant accouché d’un seul enfant, né vivant, à au moins 35 semaines de gestation, et pour lesquelles ils disposaient de données complètes sur le gain de poids durant la grossesse et les concentrations de SPFA au premier trimestre. Ils ont aussi utilisé les résultats de SPFA mesuré dans le sang de cordon de 1 301 des participantes de l’étude. Les chercheurs ont ensuite étudié les associations entre 1) les concentrations de SPFA et le GPG chez les mères, et 2) le GPG et les concentrations de SPFA dans le sang de cordon.
Les concentrations de SPFA chez les femmes de l’étude MIREC étaient comparables à celles d’un échantillon représentatif de Canadiennes de 20 à 39 ans. Cette étude a permis d’établir un lien entre des concentrations supérieures de SPFA dans le sang maternel et un gain de poids plus important pendant la grossesse (GPG). En outre, les GPG plus importants ont été associés à des concentrations élevées d’APFO et de SPFO dans le sang de cordon. Aucune association significative n’a été observée entre le GPG et le PFHxS.
Cette étude soulève des questions intéressantes au sujet des voies complexes entre le GPG et les charges chimiques des mères et des nouveau-nés; ces questions justifient des recherches plus poussées. En particulier, les associations observées entre un GPG accru et les concentrations élevées d’APFO et de SPFO dans le sang de cordon donnent à penser que les changements biologiques chez les femmes pendant la grossesse, notamment un GPG plus important, auraient un effet sur les concentrations de ces substances chez le nouveau-né.
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