(Existe-t-il un lien entre la consommation de thé et les concentrations de métaux lourds dans le sang maternel?) Colapinto CK, Arbuckle TE, Dubois L, Fraser WD. Journal of Exposure Science and Environmental Epidemiology (2016), 1–7. Advance online publication, 6 January 2016; doi:10.1038/jes.2015.86
Le thé est une boisson populaire dans le monde entier, mais le sol dans lequel sont cultivés les théiers peut être contaminé par des métaux issus de la pollution industrielle ou en raison de l’application de pesticides et d’engrais. Les métaux peuvent être absorbés par les plantes et migrer jusqu’aux feuilles utilisées pour faire le thé. L’exposition fœtale à des concentrations élevées de métaux peut entraîner des effets néfastes sur la santé, notamment une croissance réduite du fœtus et une altération du comportement et du quotient intellectuel (QI) de l’enfant. Cette étude visait à déterminer s’il existait une association entre la quantité ou le type de thé que les femmes déclaraient boire pendant la grossesse et les concentrations de métaux mesurées dans leur sang. Les données de l’étude MIREC ont été utilisées pour étudier l’association entre la consommation de thé (noir, vert) et tisane pendant la grossesse et les concentrations de certains métaux (arsenic, mercure, plomb, cadmium et manganèse) dans le sang de la mère et du cordon ombilical.
Près de 2 000 femmes ont participé à l’étude MIREC, qui s’est déroulée de 2008 à 2011. Pour les fins de la présente étude, les femmes ont été regroupées en deux catégories : celles qui buvaient thé ou tisane et celles qui n’en buvaient pas; pour les premières, des données avaient été recueillies sur le type (thé noir, vert ou tisane) et la quantité consommée par jour, par semaine ou par mois. Moins de 1 % des consommatrices ont déclaré avoir consommé les trois types durant leur grossesse, et 10 % à 15 % deux de ces trois types. Les données sur d’autres types de thé (blanc et oolong) et d’autres caractéristiques (pays d’origine, temps d’infusion) n’étaient pas disponibles.
La prise en compte d’autres facteurs, notamment l’âge de la mère, le revenu du ménage, le plus haut niveau de scolarité achevé par la mère, son pays de naissance, sa consommation de café et de tabac, son exposition à la fumée secondaire, son indice de masse corporelle avant la grossesse, les taux moyens de mercure, de cadmium et d’arsenic dans son sang au premier ou au troisième trimestre ainsi que dans le cordon ombilical, n’a révélé aucune différence significative entre les mères qui buvaient du thé ou de la tisane (peu importe le type) et celles qui n’en buvaient pas. Cependant, les concentrations moyennes de plomb au premier trimestre étaient légèrement plus élevées chez celles qui en buvaient que chez celles qui n’en buvaient pas (0,65 µg/dL contre 0,61 µg/dL). Chez les femmes enceintes qui consommaient de la tisane, les concentrations de plomb mesurées au troisième trimestre dans le sang de la mère et du cordon dépassaient celles des mères qui n’en consommaient pas.
Bien que cette étude ait mis en évidence certaines associations entre les concentrations sanguines de plomb et la consommation de thé ou tisane, les taux mesurés n’en demeuraient pas moins très faibles (moins de 1 µg/dL) et se situaient dans la plage normale des concentrations sanguines de plomb détectées dans la population canadienne. En outre, d’autres sources d’exposition au plomb pourraient expliquer ces résultats, d’où la nécessité de mener des recherches plus poussées.
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