(Exposition des femmes aux phénols et aux phtalates et délai de conception : l'Étude mère-enfant sur les composés chimiques de l'environnement (MIREC)) Vélez MP, Arbuckle TE, Fraser WD. Fertility and Sterility. 2015;103(4):1011-1020.e2. doi: 10.1016/j.fertnstert.2015.01.005
L’exposition aux substances chimiques présentes dans l’environnement pourrait avoir des effets nocifs sur la santé, incluant des impacts sur la fertilité des femmes. Cette étude, menée par des chercheurs de l’Université de Montréal, a porté sur l’effet potentiel de l’exposition des femmes au bisphénol A (BPA), au triclosan et aux phtalates sur leur fertilité, mesuré par le « délai de conception » (« time to pregnancy » en anglais, ou TTP), soit le nombre de mois qu’il a fallu pour devenir enceinte.
Au total, 2001 participantes de l’étude MIREC ont été évaluées à leur 1er trimestre de grossesse; les chercheurs ont détecté du BPA chez 1742 d’entre elles, du triclosan, chez 1699, et des phtalates chez 1597.
Cette recherche a montré une association non significative entre les niveaux de BPA dans l’urine des mères au 1er trimestre et une réduction de la fertilité, définie par un plus long délai pour devenir enceinte. Par contre, l’exposition au triclosan était associée à un plus long délai de conception chez les femmes qui présentait les plus hautes concentrations dans l’urine, soit plus de 72 nanogrammes par millilitre (ng/mL), en comparaison aux femmes avec des concentrations plus faibles. (Note : un nanogramme représente un milliardième de gramme.) Fait intéressant, les résultats pour certains phtalates semblaient quant à eux indiquer un délai de conception plus court, bien que cet effet soit jugé faible.
Les chercheurs de cette étude ont conclu que l’exposition à des niveaux élevés de triclosan (plus de 72 ng/mL) pourrait être associée à une diminution de la fertilité (c.-à-d. un plus long délai de conception), et que certains phtalates seraient associés à un délai de conception plus court. Pour ce qui est du BPA, il n’existe pas de preuve d’un effet négatif sur le délai à devenir enceinte.
L’étude comporte néanmoins quelques limitations importantes. Tout d’abord, il n’y avait qu’un seul échantillon par participante pour mesurer l’exposition, et à cause de la rapidité à laquelle le BPA, le triclosan et les phtalates sont éliminés dans l’urine, il peut y avoir une grande variabilité chez un même individu dans des échantillons prélevés à différents moments de la journée. De plus, les échantillons d’urine ont été collectés alors que les femmes étaient déjà enceintes, et non durant les mois précédents, quand elles essayaient de devenir enceintes. Et finalement, il n’y avait aucune donnée sur l’exposition du père. Pour ces raisons, ces résultats devront être validés par d’autres études.
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